Profils du continuum

Note : Quoique les profils se réfèrent à des personnes, ils peuvent aussi bien dépeindre le climat organisationnel d’une école ou d’un conseil scolaire.

Différents profils*, définis par les valeurs personnelles, les croyances, les attitudes, les comportements et les pratiques pédagogiques, permettent de se situer selon son degré d’aisance et d’engagement en matière d’équité tant sur le plan individuel que sur le plan systémique.

Peu importe le profil où l’on se situe en tant qu’individu ou en tant que système, le but demeure d’accroître sa compréhension de ce qu’est un milieu scolaire équitable et inclusif, et d’entreprendre des actions concrètes pour améliorer la réussite des élèves marginalisés ou racialisés en particulier et le bien-être de l’ensemble du personnel scolaire et de la communauté.

* Il est important de noter que ces profils sont inspirés du concept d’alliés dans le cadre antiracisme. Dans le contexte de ce continuum, nous vous encourageons à vous situer dans le continuum. Cependant, dans le contexte antiraciste, c’est à la communauté marginalisée en question de déterminer si une personne est une alliée ou un allié.

Les quatre profils évolutifs du continuum

En examinant chacun des profils, il est possible de se situer globalement pour ensuite se fixer des objectifs personnels et professionnels et d’identifier des actions dans lesquelles on souhaite s’engager pour accroître sa capacité personnelle ou systémique en matière d’équité et d’inclusion.

La passivité

La personne passive minimise ou néglige les preuves d’inégalités, d’injustices ou d’exclusions dans son milieu (Conage, Education Equity Continuum, 2016). Puisqu’elle nie ou ne reconnaît pas l’existence des préjugés ou de l’iniquité, elle ne ressent aucun besoin de changer son attitude ou ses pratiques.

Une personne passive :

  • se sent peu concernée par les discours sur l’équité ou sur l’éducation inclusive;
  • part souvent d’une position de privilège, qu’elle en soit consciente ou non;
  • ressent de l’inconfort lorsqu’il y a des sujets sensibles à aborder ou des conversations délicates à engager avec les élèves ou le personnel scolaire;
  • est parfois résistante au changement dans sa classe, dans son école ou dans sa communauté;
  • montre un faible engagement personnel dans les initiatives de son milieu;
  • ne reconnaît pas les lacunes du système scolaire ou les conséquences de ses pratiques;
  • ne sait pas par où commencer pour s’informer.

Il arrive parfois qu’une personne soit antipathique et qu’elle nuit à son propre cheminement ou décourage les autres et entrave leur cheminement, ou qu’elle y résiste tout simplement. Cela peut se produire de trois différentes façons (Rai et Dutkiewicz, traduction libre, 2022).

  1. Le déni : « Il n’y a aucun problème. »

    C’est le refus de reconnaître les différentes identités et, par conséquent, cela consiste à ignorer les inégalités et les discriminations qui peuvent en découler; par exemple : « Je ne vois pas la couleur des gens. Pour moi, c’est une personne, point. ».

  2. Le désengagement : « Ce n’est pas mon problème. »

    C’est la réticence à s’engager dans les efforts d’équité et d’inclusion. Le désengagement peut découler du fait qu’une personne n’est pas consciente du problème ou qu’elle craint causer du tort. Malgré une certaine conscience de l’existence du problème, elle croit qu’en acceptant la responsabilité d’agir, elle admet faire partie du problème; par exemple : « Je ne voulais pas aggraver la situation en disant la mauvaise chose, donc je n’ai pas répondu à son commentaire raciste. » ou « Ce problème existe partout, pas uniquement chez nous. »

  3. Le déraillement : « Il faut considérer TOUS les problèmes! »

    C’est rejeter les préoccupations des groupes marginalisés, puisque l’important, c’est de protéger les émotions du groupe dominant; par exemple : « Il me semble que c’est de la discrimination inversée. » ou « TOUTES les vies comptent. »

L’alliance

Les alliées et les alliés croient en l’égalité des droits de toutes et de tous. Ces personnes sont sensibilisées aux enjeux de justice sociale et reconnaissent les inégalités dans leur milieu (Conage, 2016a). Toutefois, avoir un privilège d’alliée ou d’allié, c’est avoir la capacité de se préoccuper des enjeux de justice sociale sans avoir à se retrousser les manches et à poser des gestes concrets (Jana, 2021).

Les alliées et les alliés réfléchissent à leurs privilèges, à leurs propres biais cognitifs et à leurs préjugés afin de ne pas perpétuer les iniquités qui touchent les groupes marginalisés. Malgré l’inconfort, elles et ils veulent contribuer à un changement positif.

Une alliée ou un allié :

  • ressent le besoin d’agir, malgré son malaise;
  • amorce un questionnement et une réflexion en ce qui a trait à ses privilèges, à ses biais cognitifs et à ses préjugés personnels;
  • montre un désir d’apprendre et une ouverture aux nouvelles idées et aux stratégies novatrices;
  • connaît certaines définitions et quelques concepts relatifs à l’équité et à l’éducation inclusive;
  • est consciente ou conscient des droits de la personne, tant pour les élèves, pour le personnel scolaire que pour elle-même ou lui‑même;
  • réagit aux demandes du conseil scolaire ou de la direction d’école;
  • s’informe quant à ses responsabilités en matière d’équité dans sa salle de classe ou à son école, et se livre à une réflexion sur ce sujet.

La complicité

Les complices cherchent activement à démanteler les systèmes d’oppression (Jana, 2021). Ces personnes sont engagées et reconnaissent leur responsabilité d’agir en tant qu’agentes de changement (Conage, 2016b). Elles passent à l’action en posant des gestes précis, concrets et visibles afin de promouvoir l’équité dans leur milieu.

Une personne complice :

  • regarde ce qui se passe autour d’elle avec les « lunettes » de l’équité;
  • privilégie une pratique réflexive et analyse de façon continue ses privilèges afin de les mettre au service de la justice;
  • comprend son rôle de défenseuse;
  • s’informe de façon proactive pour mieux comprendre les diverses identités des personnes qui l’entourent;
  • entreprend des actions courageuses pour appuyer de façon concrète le mandat d’équité de son conseil scolaire et de son école;
  • cherche régulièrement des occasions de développement professionnel liées à l’équité et à l’éducation inclusive;
  • se tient informée des nouveautés dans les domaines de l’équité et de l’éducation inclusive;
  • adopte des comportements qui entraînent des conséquences positives sur les élèves et sur le personnel scolaire;
  • est enthousiaste devant un nouveau sentiment de puissance personnelle sachant qu’elle peut faciliter un changement positif dans son milieu.

Le partenariat

Les partenaires travaillent de pair avec les communautés qu’elles et ils soutiennent. Elles et ils recherchent, nouent et entretiennent des liens constructifs avec les personnes qu’elles et ils appuient activement (Jana, 2021). Les partenaires souhaitent transformer leur milieu de façon systémique. Par le fait même, elles et ils travaillent de façon continue, en collaboration avec toutes les personnes qui les entourent, pour renverser les systèmes d’iniquité et réduire les écarts en matière de circonstances opportunes et de résultats (Conage, 2016b).

Une ou un partenaire :

  • adopte la posture d’apprenante ou d’apprenant en toute humilité;
  • reconnaît ouvertement et utilise concrètement le privilège dont elle ou il bénéficie pour lutter contre toute forme d’oppression;
  • prend des risques en posant des gestes en vue de réduire les inégalités autour d’elle ou de lui;
  • ne fait pas que défendre les personnes ou les groupes marginalisés; elle ou il les accompagne et les écoute;
  • comprend que l’équité est une fondation sur laquelle il faut construire, et qu’elle concerne tous les échelons du système;
  • s’engage dans son école, dans son conseil scolaire et dans sa communauté en encourageant ou en incitant, par ses actions, les autres à se mobiliser;
  • encourage les autres à participer à des projets ou à en entreprendre et à prendre des initiatives concernant l’équité et l’éducation inclusive;
  • développe des capacités, ou en fait preuve, liées aux « cinq capacités clés du leadership (CCL) », selon le Cadre de leadership de l’Ontario.